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La langue de Marcel Pagnol

Autant que l’accent, celui de sa Provence natale, le cinéma de Marcel Pagnol (1895-1974), c’est d’abord des voix. Des voix et des visages connus qui peuplent les chemins traversant la garrigue et les villages provençaux. Raimu, Fernandel, Fernand Charpin, Pierre Fresnay, Orane Demazis surent donner chair et émotion à la langue «pagnolienne» où la truculence du verbe le dispute à la faconde toute méridionale. Rarement une langue n’aura exprimé avec autant de transparence et de simplicité syntaxique la réalité profonde des êtres, leur grandeur et leur misère, leur tristesse et leurs espoirs. En un mot, leur humanité pour laquelle Pagnol a beaucoup d’affection et d’indulgence.

Le personnage «pagnolien» par excellence

Celui qui va devenir son personnage par excellence est un être pittoresque et fondamentalement honnête, simple et bon, toujours humain, qu’il crée dès sa première version de Topaze pour le théâtre en 1928. Avec La fille du puisatier (1940), qui arrive après La femme du boulanger (1938), Pagnol confirme sa prédilection pour les professions simples, enracinées dans le terroir. Qu’il soit professeur, boulanger, limonadier ou puisatier, le personnage «pagnolien» a un rôle de passeur. Les pères, sous des formes diverses, abondent chez lui. Et la transmission des traditions et des valeurs morales constitue un des thèmes majeurs de son cinéma et de ses écrits (pièces ou romans), aux côtés de ceux de l’amour, l’avarice, la jalousie, la ruine et la vengeance.

Ses personnages et ses histoires, Pagnol les puise à la source de sa jeunesse. C’est son propre père, omniprésent dans La gloire de mon père et Le château de ma mère, homme de culture et de haute moralité, entrant souvent en communion avec la nature, qui sert peu ou prou de modèle à ses personnages masculins. Marseille et la Provence sont le théâtre de ses intrigues où il est souvent question de sentiments et de problèmes intemporels (voir le théâtre de la trilogie marseillaise, 1929- 1946). Pagnol a reçu une formation littéraire classique et son inspiration est nourrie de sujets, arguments et types universels. Comme chez Molière, Marius est l’histoire d’un vieux barbon (Panisse) amoureux d’une jeune femme (Fanny), ce à quoi s’ajoutent le thème romantique de l’attrait pour l’ailleurs et la relation dramatique père-fils.

La noblesse des cœurs simples

Ce qu’il y a de profondément émouvant chez Pagnol, c’est la noblesse des cœurs simples, leur honnêteté pragmatique et leur optimisme lucide, face à des situations où le bon sens et l’esprit collectif l’emportent sur la lâcheté et la démission. L’homme, qui est au centre de ce système où les sentiments sont le moteur de l’intrigue, sonne toujours «vrai». Dans ses films aujourd’hui classiques, Pagnol réussit l’alliance du comique et du drame, du grotesque et du tragique dont les effets reposent souvent sur le pathétique. Les humbles, et «la démesure verbale» selon le mot d’André Bazin, qui y sont représentés ne sont d’ailleurs pas sans évoquer le cinéma d’un David W. Griffith et d’un John Ford. Enfin, ce conteur savoureux et peintre expert des caractères a su donner au théâtre et au cinéma quelques-uns de ses personnages les plus inoubliables.

Bibliographie et filmographie de Marcel pagnol